La boucle du pot de yaourt en polystyrène est bouclée
L'inauguration de l’usine de la société Indaver à Anvers (Belgique) marque une étape décisive pour la filière de recyclage des plastiques en Europe. Cette installation est la première au monde capable de recycler les pots de yaourt en polystyrène (PS) pour produire une matière équivalente à du polystyrène vierge, permettant ainsi de boucler la boucle : le pot de yaourt redevient pot de yaourt.
Le recyclage mécanique du polystyrène (PS) transforme les pots de yaourt en objets comme des cintres ou des pots de fleurs, mais ne permet pas le retour au contact alimentaire. L’usine Plastic2Chemicals Indaver, située à Anvers en Belgique, est une innovation majeure qui permet aux pots de yaourt de redevenir des pots de yaourt grâce au recyclage chimique. L’entreprise Indaver a été sélectionnée à travers un appel d’offres lancé par Citeo dont l’enjeu principal était de trouver un opérateur en capacité de recycler les volumes de PS collectés, avec les technologies adéquates et un impact environnemental réduit. Pour alimenter son procédé de pyrolyse, cette usine située proche de la frontière française se fournit avec une énergie verte issue d’un cluster local composé d’énergies solaire et éolienne.
Par ailleurs, ce projet incarne une souveraineté écologique européenne ; il repose sur une coopération transfrontalière avec les éco-organismes belges et sur une logique de massification des flux à l’échelle européenne. En effet, l’usine d’Indaver recycle des pots triés en France et aussi en Belgique. Son inauguration a eu lieu le 25 septembre 2025, concrétisant plusieurs années de travail collectif mené avec les collectivités locales, les opérateurs de tri et de surtri, les recycleurs, les fédérations professionnelles et les industriels. Trois leviers ont rendu possible l’émergence de cette nouvelle filière dédiée au PS :
La dépolymérisation par pyrolyse, une technologie de recyclage innovante pour boucler la boucle
Une fois collectées et (sur)triées en France, les balles de pots de yaourt en polystyrène passent par le site de pré-traitement d’Indaver. La matière est lavée et conditionnée en granulés pour être ensuite envoyée dans l’usine de recyclage. Elle y est fondue, puis transformée en gaz dans le réacteur de dépolymérisation. Cette étape essentielle de pyrolyse permet d’isoler les molécules pour obtenir un monomère de styrène. Purifié et distillé sous forme d’huile, le styrène pur retrouve une qualité identique à celle de la matière vierge qui peut ensuite être incorporée au process des partenaires industriels d’Indaver : Trinseo et INEOS styrolution. Ils re-polymérisent cette huile pour produire de nouveaux granulés de PS, utilisés dans la fabrication de nouveaux pots de yaourt. Cette technologie permet d’obtenir une matière de haute qualité apte au retour au contact alimentaire, jusque-là inaccessible avec le recyclage mécanique.
En 2026, 10 000 tonnes de PS seront collectées en France, dont 80 %* seront recyclés sur le site d’Indaver à Anvers. En ajoutant les volumes provenant de Belgique, l’usine a la capacité de traiter annuellement 26 000 tonnes et prévoit des extensions. L’objectif est de massifier les flux de PS collectés, triés et recyclés pour produire les quantités nécessaires à la fabrication d’emballages intégralement en matière recyclée. L’intégration de matière recyclée dans les emballages est d’ailleurs encouragée par Citeo via des leviers financiers , notamment une prime incitative et un bonus d’éco-modulation.
* Les 20% restants le sont sur le site de recyclage mécanique de la société espagnole Eslava
Le geste de tri, indispensable pour passer à la vitesse supérieure
Le recyclage des pots de yaourt en polystyrène représente un défi non seulement technologique, mais aussi comportemental. Citeo et ses partenaires se mobilisent pour renforcer le geste de tri car, étant de petite taille et souvent souillés, ces emballages sont peu intuitifs à trier pour les citoyens.
1/3 des Français déclare ne pas trier un emballage s’il est sale.
Les freins évoqués : le dégout, la confusion entre souillure et non-recyclabilité ou le manque d’information.
Source : L’Observatoire du geste de tri
Pour lever ces obstacles, les règles de tri ont été simplifiées : depuis 2023, tous les emballages en plastique peuvent être déposés dans le bac jaune. Cette évolution s’est accompagnée de campagnes de communication ciblées, telles que « Tri ton pot » avec Syndifrais et « On ne lâche rien », visant à encourager ce geste simple mais essentiel au recyclage des pots de yaourt.
Si les performances de tri sont élevées dans certaines collectivités, il doit encore progresser dans d’autres endroits. C’est pourquoi Citeo et ses partenaires poursuivent leur accompagnement des territoires, la formation des opérateurs et la sensibilisation des citoyens pour alimenter durablement la filière.
L’objectif est clair : atteindre 55 % de plastiques recyclés d’ici 2030, conformément aux objectifs européens. Cette circularité des plastiques répond aux attentes croissantes des consommateurs en matière de transparence et de performance environnementale. Notamment grâce à cette nouvelle filière de recyclage, 75 % des emballages plastiques disposent d’une filière pérenne à fin 2025-début 2026 ; d’ici cinq ans, ce sera 100 %. Et pour y arriver chaque emballage, chaque pot de yaourt trié compte.


