Bilan & perspectives
Jean Hornain, Directeur général de CITEO, revient sur les faits marquants de l’année 2025, et donne les perspectives pour 2026.
Quelles sont les actions marquantes de CITEO sur les 3R* en 2025 ?
Des avancées collectives clés ont marqué cette année. Tout d’abord en matière de réduction des emballages, notre dernier Reduce Day a montré que des marges de manœuvre existent en se concentrant sur « le juste emballage ». Sur le long terme, nous créons les conditions pour faire basculer des marchés entiers vers les solutions de réduction identifiées en activant des groupes de travail sectoriels. Dans le même temps, à très court terme, nous soutenons les initiatives individuelles des entreprises via nos appels à projets – 14 lauréats cette année dans le secteur alimentaire, pharma, cosmétique… – mais également avec un bonus réduction renforcé, qui permet de diminuer son écocontribution à proportion de la réduction de son emballage.
En matière de réemploi, nous n’avons jamais été aussi vite ni aussi loin avec le lancement de l’expérimentation de la consigne pour réemploi dans 4 régions sur 18 mois : 6 enseignes de la grande distribution, 50 marques, 250 magasins et 150 références produits au démarrage. Fruit d’un long travail de concertation et de préparation avec tout l’écosystème du réemploi, ce lancement a marqué le début d’une belle dynamique, tout en faisant apparaitre les difficultés opérationnelles rencontrées par les acteurs. Nous le savons, la montée en charge va prendre du temps et il nous faudra faire preuve de patience et de détermination pour que le réemploi devienne attractif pour les consommateurs et compétitif pour les entreprises.
En matière de recyclage, c’est là aussi une accélération sans précédent sur les emballages en plastique dont 70% sont aujourd’hui recyclables ; c’est deux fois plus qu’il y a 10 ans. Nous devons ce résultat à la montée en puissance de l’activité de nos centres de surtri, dont un quatrième ouvrira d’ici fin 2026 dans les Yvelines, et au développement de nouvelles filières de recyclage. Je pense évidemment à celle des pots de yaourt en polystyrène officiellement lancée cet automne, et qui permet la production de polystyrène recyclé apte au retour au contact alimentaire. Les pots de yaourt triés en France redeviendront ainsi des pots de yaourt. C’est une première mondiale, permise par notre partenaire belge Indaver, qui offre des débouchés à forte valeur pour les 60 000 tonnes de pots mis en marché chaque année. D’autres bonnes nouvelles arrivent dès janvier, notamment sur les plastiques souples et sur nos travaux d’écoconception avec 100% d’emballages recyclables d’ici à 2030 comme horizon.
L’année a été également marquée par le renforcement de la présence de CITEO et de ses collaborations à l’International. Pourquoi est-ce indispensable ?
Nous ne réussirons à bâtir une véritable économie de la circularité qu’en sortant de nos frontières. Trois enjeux au niveau européen :
C’est le seul moyen de gagner en autonomie, de protéger nos infrastructures et nos emplois dans un contexte économique mondial difficile. Parmi les enjeux clés, la construction d’une industrie du recyclage des plastiques en Europe, face à une concurrence féroce venant d’Asie.
C’est pour cela que nous nous sommes en effet engagés dans de nouvelles collaborations avec nos homologues du Bénélux et au sein de l’association des REP EXPRA, avec des résultats concrets attendus en 2026.
Au niveau international, l’enjeu n’est rien moins que la lutte contre toutes les pollutions, en particulier la pollution par le plastique. Notre participation active à la Conférence des Nations Unies pour l’Océan à Nice et aux différents tours de négociations du Traité mondial de lutte contre la pollution pastique à la tête d’une coalition de plus 50 éco-organismes internationaux, montre notre détermination. Nous allons poursuivre cet engagement et notre plaidoyer en faveur du déploiement de dispositifs de Responsabilité Elargie du Producteur (REP) partout dans le monde.
La Responsabilité Elargie du Producteur (REP), parlons-en. Depuis la publication des conclusions de la mission interministérielle sur les filières REP, elle fait l’objet de débats : encore utile pour les uns, incapable de répondre aux enjeux environnementaux pour les autres. Que défend CITEO ?
En France, la REP a plus de 30 ans. Et elle a un bilan. Rappelons-nous qu’avant la REP, les déchets d’emballages étaient majoritairement enfouis ou incinérés. Aujourd’hui, 71%*** d’entre eux sont recyclés, et le geste de tri est entré dans notre vie quotidienne. 15 milliards d’euros ont été investis par les entreprises de la grande consommation et de la distribution pour créer cette filière, dans le cadre d’un partenariat étroit avec les collectivités locales. Aujourd’hui, Citeo a élargi son champ d’action pour intégrer l’ensemble du cycle de vie des emballages dans sa responsabilité, et se mettre au service de la stratégie 3R. Le bilan ne doit pas masquer nos imperfections et les progrès qu’il nous reste à faire, mais ce n’est pas une raison pour jeter le bébé avec l’eau du bain. D’ailleurs, la REP se développe encore en France, notamment avec les emballages professionnels et à travers le monde. C’est la preuve qu’elle est considérée comme un outil efficace de lutte pour la préservation de la planète.
Mais ce modèle aussi vertueux soit-il est aujourd’hui questionné. Il a besoin d’oxygène pour se mettre au service de la performance économique et environnementale. Pour les emballages ménagers en particulier, les évolutions successives des missions attribuées aux éco-organismes et les modalités d’actions ne permettent plus l’efficience. L’envolée des charges à financer (de 800 millions à 1,6 milliard d’euros en 5 ans) ne s’est pas accompagnée des moyens d’action pour atteindre nos objectifs. Résultat : la performance n’est pas au rendez-vous et le modèle n’est plus soutenable.
La REP doit Passer d’une logique de moyens à une culture du résultat. Comment ? en retrouvant les moyens d’agir et d’activer les leviers à l’efficacité prouvée (consigne pour réemploi et recyclage, tarification incitative, contrats à la performance…). C’est en confiant aux éco-organismes la responsabilité de l’action, et pas seulement des moyens, que le modèle de la REP réussira à relever les grands défis auxquels elle fait face.
Nous apporterons en 2026 toute notre contribution au débat sur la REP, afin relever le défi de la durabilité et de la circularité dans un cadre efficient. Je suis aussi très enthousiaste à l’idée de la poursuite de nos grands chantiers en 2026 : montée en puissance du réemploi, lancement de la REP des emballages professionnels, simplification du geste de tri dans les territoires ultramarins, inauguration de nouvelles filières de recyclage vers 100% de circularité des emballages en plastique.
*Réduire, Réemployer, Recycler
** Packaging and Packaging Waste Regulation
***Estimation pour l’année 2024
*** Responsabilité Elargie du Producteur
