Impression des journaux sans huiles minérales : des encres végétales validées

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La réduction des huiles minérales dans les encres constitue un réel enjeu pour le secteur de l’imprimerie en France. Citeo a lancé des expérimentations* début 2022 pour l’impression des journaux avec des encres sans huiles minérales. Réalisées en conditions réelles de production avec 3 imprimeurs de journaux répartis sur l’ensemble du territoire français, ces expérimentations ont permis de valider techniquement et opérationnellement des encres végétales.

Découvrez les résultats des tests

Huiles minérales : rappel des enjeux 

Depuis plusieurs années, Citeo travaille avec les acteurs des filières emballages papier-carton et papiers graphiques pour trouver des solutions alternatives aux encres contenant des huiles minérales. Avec 3 enjeux clés :

  • Réduire l’exposition des consommateurs aux huiles minérales, comme le préconise l’ANSES**, l’agence nationale de la sécurité sanitaire ;
  • Sécuriser la boucle du recyclage du papier et des emballages en papier-carton en limitant la circulation des huiles minérales qui pourraient être présentes dans les fibres recyclées ;
  • Répondre aux mesures de la loi AGEC (lutte contre le gaspillage et pour l’économie circulaire) qui interdisent l’utilisation des huiles minérales pour les emballages depuis le 1er janvier 2023 et pour les impressions papiers à destination du public à partir du 1er janvier 2025 (modalités précisées dans un arrêté sorti en janvier 2022).
Mise en place échelonnée de l’article 112 de la loi AGEC.

Pour les journaux, cette interdiction s’appliquera donc à compter du 1er janvier 2025. Ils sont imprimés via deux technologies :

  • L’offset coldset : la technologie majoritairement utilisée en France, qui fait l’objet des résultats décrits dans cet article ;
  • Le waterless : une technologie moins répandue mais pour laquelle Citeo accompagnera également l’expérimentation d’encres sans huiles minérales.

Des acteurs impliqués dans la recherche de solutions adaptées

Les tests sur les encres alternatives Coldset ont été organisés par 3 rotativistes de la presse quotidienne régionale implantés dans 3 régions différentes du territoire français :

  • Midi Libre situé à Saint-Jean de Védas en Occitanie ;
  • Le Progrès situé à Chassieu en Auvergne-Rhône-Alpes ;
  • La Voix du Nord situé à Marcq-en-Baroeul dans les Hauts-de-France.

Les essais ont été menés sur l’impression de journaux en condition réelles de production. Trois fournisseurs d’encres représentatifs du marché des encres coldset ont été associés à ces tests : Sun Chemical, Huber et Flint. A noter : Schuite & Schuite, 4ème fournisseur identifié comme alimentant le marché français des encres coldset n’a pas eu l’occasion de mener des essais longue durée mais propose des encres végétales sans huiles minérales également désencrables.

Les objectifs de cette expérimentation :

  • Démontrer l’opérationnalité des encres alternatives pour le coldset en conditions réelles ;
  • Diffuser les enseignements de ces expérimentations pour aboutir au déploiement de ces encres alternatives en France ;
  • Permettre aux imprimeurs de s’approprier ces nouvelles encres alternatives en vue des futures interdictions réglementaires (Loi AGEC article 112).

Comment les tests se sont déroulés ? 

Chacun des imprimeurs engagés dans ces expérimentations ont assuré leur production pendant 6 à 8 semaines avec les encres alternatives sur l’une des tours de leur presse. Différents critères qualitatifs et quantitatifs ont été évalués de manière hebdomadaire comme la vitesse d’impression, la stabilité d’impression ou encore la qualité générale des imprimés. L’évaluation consistait à comparer ces paramètres par rapport à une impression avec des encres traditionnelles. Les imprimeurs et également les fournisseurs d’encres se sont mobilisés dans le suivi de ces tests.
 

Que retenir de ces expérimentations ? 

Tous les imprimeurs s’accordent : les encres testées répondent à leurs attentes techniques. Trois points notables sont à retenir :

  • La productivité s’est maintenue. Aucun réglage particulier n’a été nécessaire pour la réalisation de ces tests ;
  • La qualité des impressions s’est améliorée par rapport aux encres traditionnelles ;
  • La compatibilité des encres avec différentes rotatives est démontrée (absence d’impact sur les rouleaux, système d’alimentation en encre dont le pack CGI, absence d’accumulation de l’encre sur les rouleaux…).

Si ces encres alternatives ont démontré leur opérationnalité, leur déploiement en France se confrontera à deux enjeux :

  • Le surcoût à l’achat des encres par rapport aux encres traditionnelles est de l'ordre de 20% à 40% pour les couleurs (magenta, cyan, jaune), et de 100% à 115% pour le noir ;
  • La capacité d’approvisionnement de l’ensemble des imprimeurs coldset français avec ces encres alternatives d’ici début 2025 reste à garantir ;
  • Une généralisation de l’obligation d’usage de ces encres alternatives à l’échelle européenne pourrait contribuer à limiter ces freins.

Les fournisseurs d'encre se félicitent de la réussite technique et s'accordent sur le besoin de dédier une production spécifique aux encres végétales pour éviter les contaminations avec les encres minérales.

Philippe URBANIAK

Techniquement, tout est prêt ! Pour un client du marché français, il faut prévoir un délai de trois mois pour pouvoir garantir un approvisionnement régulier. Nous avons commencé à fournir des clients réguliers en Europe avec des résultats très positifs. Pour aller plus loin et dédier une ligne d'impression exclusivement aux encres végétales, il faut que la demande de nos clients soit plus forte.

Philippe URBANIAK
Philippe URBANIAK Directeur des ventes web offset et consommables chez Hubergroup
Xavier BRAEM

Une fois les volumes définis, le délai de production est de 3 mois environ. Si ces volumes sont régulièrement définis dans ces délais, Flint pourra assurer une production régulière. L’absence de contamination ne pourra être garantie qu'en dédiant des lignes de production distinctes aux encres minérales (MO) et végétales (MOF).

Xavier BRAEM
Xavier BRAEM Technical service manager printing bij Flint Group
Alain TOPIN

Il reste important de compléter ces tests afin d’évaluer le comportement des encres sur des configurations de presse, des habitudes de production et des rhéologies (medium et long flow) différentes. Si le marché le demande, il sera envisageable de dédier une ligne de production au noir végétal afin d'éviter les contaminations.

Alain TOPIN
Alain TOPIN Directeur des divisions Vinyl Flooring, Coldset et Screen Export
Valentin FOURNEL

La participation active des imprimeurs ainsi que des fournisseurs d’encres a été l'une des clés de la réussite de ce projet. Cela prouve leur engagement dans la réduction des huiles minérales dans l’économie circulaire des papiers et emballages papier-carton. Par ailleurs, nous démarrons également des essais sur la technologie waterless en 2023 pour continuer d’accompagner toute la chaîne de valeur.

Valentin FOURNEL
Valentin FOURNEL Directeur écoconception et réemploi de Citeo

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Les expérimentations en cours ont un périmètre opérationnel. Elles cherchent à valider techniquement les encres végétales et estimer les surcoûts engendrés par leur déploiement chez les imprimeurs. Les questions relatives à l'impact environnemental des huiles végétales (culture durable ou pas, transport, traçabilité) ne sont pas incluses dans ce périmètre.
** Agence Nationale de Sécurité Sanitaire.

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Impression des journaux sans huiles minérales : des encres végétales validées