5 leviers qui vont faire la différence

+ 20% d’emballages en quinze ans. Comment inverser significativement la tendance à la hausse de la mise en marché d’emballages à usage unique ? L’optimisation du poids, de la taille, du vide est aujourd’hui bien identifiée et mise en œuvre par les entreprises mais permet en moyenne une réduction de l’emballage de 2% seulement. C’est insuffisant. Pour aller plus loin, il est indispensable de remettre en question l’ensemble des fonctionnalités de l’emballage au regard des besoins essentiels du produit (protection, transport, information) et des impacts environnementaux engendrés.​ Et c’est valable pour tous les matériaux ! 5 leviers peuvent faire la différence : 

• Supprimer les emballages de regroupement, comme les cartonnettes ou les films en plastique autour des lots de paquets de chips ; 

• Développer des grands formats pour proposer autant de produit avec moins d’emballage ;

• Favoriser les contenants souples, pourquoi pas en recharge, en travaillant également à les rendre recyclables ;

• Remettre en question les fonctionnalités car parfois apporter trop de confort d’utilisation ou de praticité peut avoir un coût environnemental élevé ; 

• Expérimenter les produits solides, concentrés ou à diluer pour une même quantité de produits. Shampoings solides, gels douche et déodorants concentrés, le secteur de l’hygiène beauté commence à sauter le pas ! 

Alors, comment on s’y met ? Il s’agit de commencer par définir les enjeux par levier puis les secteurs d’activité (et donc les produits) pour lesquels il semble pertinent de déployer chacun de ces leviers. Nos perspectives en 2025 : lancer des projets et études spécifiques pour identifier les solutions adaptées aux produits et les expérimenter. 

Se comparer avant de se lancer  

La pratique est classique : faire le point sur les pratiques existantes avant de se lancer dans un projet. Grâce à l’outil de positionnement réduction développé par les équipes de CITEO, ses entreprises clientes peuvent désormais savoir si leurs emballages sont plus lourds ou plus légers que ceux de leur marché.  Se comparer permet de positionner son projet de réduction en fonction de ses concurrents mais surtout de définir des objectifs concrets à atteindre et d’identifier des marges de progrès : challenger le poids, les dimensions et les épaisseurs de ses emballages et de manière plus globale, repenser son emballage et ses fonctionnalités. Actuellement, l’analyse est disponible pour les produits : Eau, Soda, Jus ; Viande, Traiteur, Plats cuisinés ; Déodorant, Sprays, Aérosols ; Soda, Jus, Bières ; Yaourt. 

« Moins c’est mieux ! »

C’est le motto lancé par CITEO pour mobiliser citoyens-consommateurs et entreprises autour de la réduction des emballages. Parmi nos actions clés, un dispositif en ligne (SEE) qui permet aux consommateurs de signaler les emballages qui leur semblent excessifs, et aux marques d’être accompagnées par CITEO pour les faire évoluer. Trop grand, trop lourd, trop de vide, pas indispensable… les signalements reçus via la plateforme sont transmis aux entreprises concernées et analysés par nos experts en écoconception. Ces remontées leur permettent aussi de mieux comprendre la perception des emballages par les consommateurs, identifier les signaux faibles et les pistes de réduction.  

Deux études pour de nouveaux éclairages sur la réduction  

Un état des lieux sur le vide a été réalisé et permet de recenser plus de 30 (bonnes) raisons pour lesquels il peut exister du vide dans un emballage, regroupé en 3 thématiques : le vide lié aux propriétés du produit, le vide lié au processus de conditionnement, le vide lié à des enjeux marketing et commerciaux. Ce premier livrable a permis de mieux comprendre les enjeux du vide dans l’emballage, qui peut être perçu comme inutile et source de gaspillage. Des travaux ont été lancés au 2ème semestre 2024 pour réfléchir à la réduction du vide lié au conditionnement, en regardant plus particulièrement quelques produits spécifiques et leur ligne.  

Une étude sur le taux de restitution des emballages a permis de démontrer qu’une optimisation de 33% de l’épaisseur d’un tube permettait également d’améliorer la restitution du produit de plus de 13%, favorisant ainsi de la réduction des impacts lié au gaspillage. De manière générale, les emballages souples (notamment doypack) ont obtenu de meilleurs résultats en matière de restitution (plus de 97% versus autour de 90% pour des formats rigides). 

Le réemploi se déploie d’abord dans le Nord-Ouest

Pays-de-la-Loire, Bretagne, Normandie & Hauts-de-France : 4 régions pionnières accueilleront dès le printemps 2025 un dispositif de réemploi en grandes surfaces pour les produits alimentaires. Les premiers emballages réemployables standardisés seront disponibles dans les rayons des magasins pour plusieurs types de produits (boissons, épicerie). 

Mutualisation, livraison, conditionnement, mise en rayon, collecte, lavage, les boucles de réemploi sont conçues en collaboration avec les acteurs de l’ensemble de la chaîne. Des appels d’offres, appels à projets et appels à manifestations d’intérêt vont permettre de sélectionner les acteurs qui vont participer activement à ce changement d’échelle sur tous les volets du projet. 

Les emballages R-coeur entrent en piste

Des emballages d’un nouveau genre sortent des usines de production des partenaires verriers de CITEO : gravés d’un R (comme réemploi) marqués d’un cœur pour être bien identifiables, adaptés aux boucles multiples de réemploi, facilement interchangeables d’un produit à l’autre tout en étant personnalisables par les marques… ce sont les principales caractéristiques de ces emballages qui vont entrer en piste dès fin 2024 puis à l’occasion de l’opération régionale en 2025 (voir plus haut). Parmi les travaux engagés : production des moules, prototypage, études de robustesse et de résistance à plusieurs cycles de lavage. Résultats, 6 références en verre vont être disponibles au fil des mois : bouteilles et pots.

D’autres projets sont en cours : bouteilles de vin, bouteilles en plastique PET et des travaux de R&D pour produire des barquettes en acier inoxydable ou en plastique pour les produits frais.

* Dates prévisionnelles en fonction des retours sur les essais et tests, ainsi que la disponibilité des volumes de commandes

Financer et accompagner les expérimentations

Quel est le point commun entre un meuble de vrac pour produits dermo-cosmétiques, une machine de collecte d’emballages réemployables et un dispositif de réemploi en moyenne surface ? Ces projets sont tous lauréats de l’Appel à projets lancé par CITEO et Adelphe « EncoRE plus réemploi ». En 2023, 144 projets ont été soutenus à hauteur de 33 millions d’euros. Parmi ces projets, 67 bénéficient d’un accompagnement spécifique de la part des équipes de CITEO en raison de leur potentiel de standardisation, d’innovation ou de mutualisation. En 2024, on fait encore mieux, avec près de 250 projets et un soutien qui ira jusqu’à 50 millions d’euros (estimation à fin décembre 2024). CITEO stimule les expérimentations en prenant à sa charge une part des coûts pour l’ensemble des acteurs, entreprises, collectivités, apporteurs de solutions.

Notre équipe et quelques-uns de nos lauréats sur le Salon du vrac et du réemploi en mai 2024.

Réemployons encore et encore : une campagne, 3 nouveaux usages

Familiariser les citoyens simplement et concrètement aux 3 usages du réemploi (le vrac, la recharge et les emballages réemployables) c’est l’objectif de la campagne « Réemployons encore & encore ». Lancée en novembre 2024, à quelques mois de l’opération régionale sur les emballages réemployables dans 4 régions de France, elle embarque les consommateurs dans le quotidien de personnages qui ont fait le choix du réemploi, de façon positive. 

Télévision, réseaux sociaux, digital… cette campagne s’est déclinée sur plusieurs supports pour toucher un maximum de citoyens, quel que soit leur niveau de connaissance, de pratique et de perception du réemploi. Elle se poursuivra en 2025. 

Les appels à projets collecte boostent l’historique bac jaune

Depuis 2018, les appels à projets Collecte permettent de soutenir les initiatives des collectivités pour améliorer les performances de la poubelle jaune. Un bilan intermédiaire réalisé en 2023 montre que ça marche : + 34 % pour les emballages légers (carton, plastique, métal) et + 10 % pour les emballages en verre. Côté coûts pour le verre, on observe une baisse de 5,8 % des dépenses en €/tonne.

Pour faire encore mieux, en 2024 l’appel à projets collecte s’est concentré sur les leviers suivants : amélioration des performances des plastiques, métaux, papiers et du verre et du captage des cartons et fibreux ; baisse des taux de refus en entrée de centre de tri ; mise en œuvre de la Tarification Incitative. C’est 140 projets supplémentaires soutenus par CITEO.

Du domicile à la rue, ne jamais rompre le fil du tri

Cap sur l’objectif de généralisation de la collecte sélective dans l’espace public au 1er janvier 2025. Les 169 projets soutenus par CITEO en 2024 vont permettre de passer de 5% à 25% du territoire équipé du tri hors foyer. Les grands événements sportifs de 2024 ont accéléré la mise en place d’équipements pérennes dans les enceintes sportives… mais pas que ! Des gares aux stades, en passant par les fans zones et villages, trier fut possible pendant les Jeux de Paris 2024 et sur le Vendée Globe. Héritage de ces grands rassemblements qui nous ont fait vibrer, les équipements déployés continueront à être utilisés.

Et pour les établissements dont les emballages ne sont pas collectés par le service public de prévention et de gestion des déchets (comme les bureaux des entreprises ou les cinémas), nous proposerons un accompagnement à la reprise des emballages et papiers triés à partir de 2025.

Ça bouge dans les Outre-mer

Spécificités géographiques et culturelles, les Outre-mer méritent un accompagnement sur-mesure… d’autant qu’ils renferment une biodiversité très riche. Focus sur quelques actions déployées dans ces territoires.

Mobilisation des citoyens pour le tri : depuis 2022, des Antilles-Guyane à l’Océan Indien, des campagnes de sensibilisation ont été pensées en tenant compte des particularités culturelles de chaque territoire… et avec humour, à l’image du personnage de Mamie Noutri ! Elles complètent des actions de terrain lors de grandes manifestations, comme le Grand Raid à La Réunion.

Valoriser et recycler localement : 75% des déchets des territoires ultra-marins sont exportés pour être valorisés. Pour développer l’économie circulaire dans ces territoires, nous soutenons 10 projets de valorisation locale. Ça donne quoi ? Développement de lignes de recyclage, fabrication de mobilier urbain à partir d’emballages sans autres débouchés ou production de Combustible Solides de Récupération.

Trier, même dans les zones isolées : comme à Maripasoula, située sur la Communauté de Communes de l’Ouest Guyanais, au cœur du Parc amazonien. L’endroit, uniquement accessible par pirogue et avion, est doté d’un dispositif de collecte pour permettre à ses 9 177 habitants de trier.

CITEO s’est également engagée à Mayotte avec un vaste programme d’actions et un soutien renforcé en 2023 et 2024 suite à la crise de l’eau qu’a connu l’île. Elle reste plus que jamais mobilisée pour soutenir la reconstruction de l’archipel après le passage du cyclone fin 2024.

Et 1, et 2 et 3 centres de surtri

Ils sont l’un des maillons essentiels des nouvelles filières de recyclage. Les centres de surtri prennent en charge les emballages en plastique dont les filières sont en développement, après leur passage en centre de tri. Ils représentent de petits volumes aujourd’hui – 100 000 tonnes d’ici un à deux ans : pots de yaourt, bouteilles en PET opaque et PET foncé, barquettes en PET. Equipés des dernières technologies, parfois même de l’Intelligence Artificielle, les centres de surtri assurent un tri très précis pour un très haut niveau de qualité de la matière prête à entrer dans les usines de recyclage, en particulier pour refaire des emballages alimentaires. Les sites de Ruffey-lès-Beaune et Epinal (d’une capacité de 55 000 tonnes/an au total) ont été inauguré en 2024. Un troisième à Mende sera mis en service et inauguré en 2025. Ce sera également l’année du lancement opérationnel de la filière de recyclage des pots de yaourt en polystyrène compact.

Des études pour mieux comprendre

Le sujet est nouveau et pas simple à adresser. C’est quoi un déchet abandonné ? Quels sont les causes de cet abandon ? Où les trouve-t-on précisément, Combien sont-ils ? … Autant de questions qu’il a fallu (et qu’il faut toujours) adresser pour mieux combattre ce fléau. En propre ou en partenariat, CITEO a lancé deux grandes études en 2023 et 2024. La première étude a permis d’évaluer le gisement des déchets abandonnés en milieu urbain, et sa composition, au cours de 4 campagnes de collecte de données dans plus de 195 villes. Elle nous apprend que 1% des emballages commercialisés chaque année dans l’Hexagone finit par terre, de manière involontaire ou non, soit 6,4 millions d’emballages chaque jour. Parmi les plus nombreux, les sachets en plastique et en papier, les canettes et les bouteilles en plastique. Une deuxième étude, en cours, a pour but d’évaluer la présence et la dispersion des déchets abandonnés dans les milieux naturels. D’autres études sur les techniques de nettoiement et leur coût sont également lancées.

Des conventions et des plans de lutte pour mieux agir  

C’est l’un des dispositifs phares pour accompagner les collectivités locales en charge de la salubrité publique : les conventions, associées aux plans de lutte contre les déchets abandonnés. Entre septembre 2023 et décembre 2024, plus de 1200 conventions ont été signées permettant aux collectivités territoriales de percevoir un soutien financier en fonction de leur taille notamment. Pour quoi faire ? Pour mettre en œuvre des actions de nettoiement mais aussi de diagnostic et de prévention. Paris, Nantes, Marseille, Lyon, Bordeaux, Strasbourg… c’est 1/3 du territoire qui bénéficie de ces actions de terrain. Parmi les incontournables, l’identification des « hotspots » de dépôts de déchets abandonnés, la création de brigades vertes notamment pour sensibiliser les habitants, et le nettoyage des espaces, dont les pratiques sont de plus en plus écologiques (passage à l’électrique, limitation des consommations d’eau, etc.).

Des conventions ont également été signées avec des gestionnaires d’espaces naturels comme les Parcs nationaux des Calanques et de Guadeloupe, le Grand site Salagou ou le Parc naturel marin Iroise.

Une campagne pour mieux mobiliser

Avec notre première campagne sur le sujet lancée en juin 2024, et sous la bannière « On ne lâche rien ! », CITEO souhaite changer les représentations associées aux déchets abandonnés. Non, ils ne sont pas toujours le fruit d’un comportement incivique : tout le monde peut laisser un déchet s’échapper.

La campagne nous invite à adopter les bons gestes : ramasser, garder, trier ou jeter ses déchets. Les spots TV de la campagne mettent en scène des personnages confrontés à des situations qui pourraient provoquer l’abandon d’un déchet au sol, mais au moment décisif, chacun se ressaisit, s’auto-encourage et réalise le bon geste.
Diffusée en TV, radio, digital et social media notamment, la campagne plait à 87 % des personnes interrogées lors de nos études, et 90 % ont envie d’être plus vigilants pour ne pas laisser les déchets par terre ou dans la nature après avoir vu la campagne.
 Ces résultats prometteurs permettent de nous projeter sur une deuxième vague en 2025.

Des partenariats pour inscrire la biodiversité dans nos actions de mobilisation

CITEO s’entoure d’un écosystème, notamment associatif, pour tester, expérimenter, produire des outils au service des collectivités locales et des acteurs publics. Petit tour d’horizon.

Pour porter les messages aux citoyens avec Gestes Propres : avec le programme national « Gardez, Triez » pour sensibiliser aux bons gestes dans les espaces naturels qui ne possèdent pas encore d’équipements de tri. Mais aussi la campagne nationale « les petits déchets » pour sensibiliser à l’impact des petits déchets abandonnés et rappeler le bon geste.

Pour développer des outils clés en main pour les acteurs que l’on souhaite accompagner : avec le FRENE (Réseau français d’éducation à la nature) et le développement d’un outil de maraudage pédagogique pour les gestionnaires et animateurs nature de structures publiques ; avec MerTerre et la réalisation d’une analyse critique du dispositif Adopt 1 Spot, pour mieux estimer les impacts et comprendre les conditions clés de succès.

Pour améliorer la connaissance de certains territoires et ainsi mieux adresser leurs problématiques : avec Mountain Riders, pour mieux comprendre les enjeux des territoires de montagne et proposer des actions et outils adaptés ; depuis 2024, avec la Ligue de Protection des Oiseaux, pour se faire le relais auprès des collectivités et des gestionnaires d’espaces naturels des pratiques de nettoiement qui impactent le moins la biodiversité.

*Mountain riders – © Yann Allegre – Stop Waste Les Arcs 2023