Les emballages en verre peuvent-ils être (encore) plus circulaires ?
2022, année internationale du verre. Inerte, recyclable et recyclé, le matériau d’emballage n’a plus à faire ses preuves, mais ne s’endort pas sur ses lauriers pour autant. L’urgence environnementale lui apporte de nouveaux défis à relever, la réduction de sa consommation d’énergie et de ses émissions de carbone en tête. Lumière sur le verre suite à la dernière rencontre du programme Citeo Prospective qui a permis de partager enjeux, solutions et perspectives.
Voir ou revoir le replay de la conférence Citeo Prospective
Les emballages en verre, pionnier de l’économie circulaire
démarrage de la collecte sélective des emballages en verre
millions de tonnes d’emballages en verre mises sur le marché français
de taux de recyclage des emballages en verre
Bouteilles, pots, bocaux… les emballages en verre ont été les premiers à faire l’objet d’une collecte séparée des ordures ménagères et donc à être triés par les habitants. Les premières « bulles » sont apparues en 1974 et le geste de tri s’est rapidement installé.
Côté fabrication et recyclage, c’est un réseau de proximité qui s'est créé entre les lieux de consommation, les 14 centres de traitement qui préparent la matière à recycler et les 17 usines verrières qui fabriquent les emballages en verre dont certains fours peuvent fonctionner avec plus de 90% de verre recyclé, le calcin. Proximité ? oui, parce que 260 kilomètres en moyenne séparent les lieux de collecte des usines de production et recyclage.
Mais le verre peut encore faire mieux ! Avec un taux de recyclage actuel de 88%, le matériau est en bonne voie de l’atteinte des objectifs de la charte verre qui fixe la feuille de route de la filière d’ici à 2029 : 100% d’emballages en verre recyclé, baisse des émissions de CO2 pour toute la filière et développement du verre pour le réemploi, quand c’est pertinent.
Quels enjeux d'économie circulaire pour les emballages en verre ?
La réponse en vidéo
Petit rappel si vous êtes passé à côté !
Vers 100% de recyclage des emballages en verre d’ici 2029
Comment collecter plus les emballages en verre ?
bornes de tri pour les emballages en verre
en 7 ans
/hab/an d’emballages en verre triés en moyenne en France
L’étude CEPOM menée par Citeo montre qu’il reste encore 10 kg par habitant et par an d’emballages en verre dans les ordures ménagères. Parmi les solutions mises en œuvre dans le cadre de la Charte verre pour leur permettre d'être plus triés :
- L’installation de bornes de tri du verre en apport volontaire pour faciliter le geste des habitants. Résultats : + 15% en 7 ans avec au total 205 000 bornes partout en France.
- La communication auprès des citoyens-consommateurs sur le geste de tri. Même s’il est bien installé (et depuis près de 50 ans !), il n’est pas systématique. Fin 2019, sous la bannière du mouvement « Trier, c’est donner », une campagne spécifique sur le tri des emballages en verre avec un film digital décliné en radio et des capsules vidéos web a été diffusée. Elle a permis de toucher 45% de Français en radio, de mobiliser près de 167 000 visiteurs sur triercestdonner.fr, et a comptabilisé 9 millions de vidéos vues. Cette campagne sera à nouveau diffusée en décembre 2022.
Le saut de performance du SMD3
Pour augmenter ses performances de collecte des emballages et papiers, le Syndicat départemental de la Dordogne a engagé des changements radicaux de s gestion des déchets : passage à 100% en simplification des règles de tri et en apport volontaire (notamment via l’installation de station dans l’espace public – photo ci-contre), couplé à la mise en œuvre de la tarification incitative sur l’ensemble du territoire.
Conséquence, des performances de tri en hausse : +4% sur les emballages métal, papier-caton et plastiques, et +7,5% sur le verre. Ainsi en 2021, 80 % des emballages en verre ont été collectés (sur un gisement de 22 973 tonnes) et 90 % sur les communes en tarification incitative (phase pédagogique, juste avant la mise en œuvre effective).
Quelles évolutions pour réduire les émissions de carbone des emballages en verre ?
des émissions nationales de CO2 proviennent de l’industrie du verre
c’est la part du secteur de l’emballage dans ces émissions
c’est l’objectif de baisse de ces émissions à horizon 2030
Le 8 novembre dernier, le président de la République Emmanuel Macron recevait les dirigeants des 50 sites industriels en France les plus émetteurs de gaz à effet de serre ainsi que des porteurs de solutions décarbonées. L’occasion pour l’industrie verrière de présenter sa feuille de route et ses objectifs : réduire les émissions de carbone de 24% en 2030, 88% en 2050. Comment y arriver ? D’abord, il faut développer l’écoconception :
- viser la juste quantité de matière pour fabriquer un emballage ;
- intégrer du calcin, c’est-à-dire du verre recyclé, pour fabriquer les emballages en verre. Certains fours verriers fonctionnent avec plus de 90% de calcin ;
- améliorer la recyclabilité en évitant les éléments perturbateurs du recyclage associés au verre, comme la céramique ou le grès qui ne fondent pas aux mêmes températures que le verre d’emballages dans les fours verriers. Les éléments en acier non magnétique sont également à bannir car impossible à séparer du verre avant l’étape de recyclage.
Deuxième action, complémentaire à l’écoconception, l’utilisation d’énergies décarbonées pour alimenter les fours : électrification, hydrogène, biomasse. En développement, des fours 100% électriques et des fours hybrides fonctionnant avec 80% électricité maximum.
Le luxe, à la pointe des innovations
Reduction de poids de ses flacons en verre et intégration de recyclé, la marque Kenzo systématise l’écoconception des emballages de ses parfums. Parce que le flacon en verre représente jusqu’à 70% de l’impact total du produit, elle a même choisi de développer une recharge pour l’un de ses parfums star (ci-contre) : à la clé, une réduction de 30% des impacts environnementaux du couple produit-emballage. En aluminium et recyclable, la recharge d’une contenance de 200 ml permet de remplir plusieurs fois les flacons.
Pour adresser les enjeux climat et biodiversité, Moët Hennessy s’est doté d’un plan développement durable ambitieux. Son bilan carbone révèle que l’emballage est le premier poste d’émissions de carbone, le matériau verre en tête ; et notamment les bouteilles de ses marques de champagne, vins et spiritueux. Ainsi pour réduire ces émissions, plusieurs actions d’allègement des bouteilles mais aussi des étuis ont été menées. Leur bouteille de vin Rosé « Galoupet » est même passée d’une bouteille en verre extra blanc, classique pour du rosé, à du verre sombre pour maximiser l’intégration de calcin qui atteint ainsi 70%.
Quels leviers pour décarboner les emballages en verre ?
La réponse en vidéo
Quelle place pour le verre dans les systèmes de réemploi ?
Généralisée jusqu'au début des années 1990, la consigne pour réemploi de bouteille en verre avait peu à peu disparu, sauf en Alsace et dans le réseau des Cafés, Hôtels et Restaurant. Relancée localement par des réseaux territoriaux souvent créés par des collectifs de citoyens, de producteurs et de commerçants. Ils se nomment « Bout' à Bout' » dans l'Ouest, Consign'Up et Oc'Consigne en Occitanie, Distro en Bretagne, « J'aime ma bouteille » en Bourgogne-Franche Comté, « Haut la Consigne » dans les Hauts de France, « Ma bouteille s'appelle revient » en Drôme-Ardèche, Rebooteille en Rhône-Loire-Ain... L’urgence environnementale et les objectifs réglementaires donnent aujourd’hui raison à ces initiatives : en 2023, 5% des emballages mis sur le marché devront être réemployés, en 2027 ce sera 10%. Mais loin d’être un retour de la consigne du passée, le réemploi se réinvente à grande échelle, pour différents marchés et produits. Le matériau verre y garde une place de choix tout en se challengeant : adaptation des emballages aux contraintes techniques et sanitaires, technologies de lavage optimisée, communication auprès des consommateurs.
Coup de projecteur en vidéo sur une initiative qui pourrait bien grandir : le Fourgon !