Grand Dossier

Réduction des emballages : enjeux et solutions

#emballages#écoconception

Trop d’emballages dans les rayons des supermarchés ? Aujourd’hui, même s’ils ne sont pas toujours visibles à l’œil nu, on constate des efforts en la matière, notamment via l’optimisation des emballages à usage unique (réduction de la taille, du poids, du vide…). Mais face aux enjeux règlementaires, environnementaux et aux attentes des consommateurs, il faut accélérer. Tour d’horizon des constats et des solutions partagés lors de notre dernière Matinée Réduction.

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Perspectives et évolutions de l’emballage réduit

Les emballages ménagers augmentent plus vite que la population : + 20% d’emballages en 15 ans, une hausse qui concerne en particulier les emballages en carton, avec une augmentation de 8% par an ces 4 dernières années. La cause ? Des habitudes de consommation qui évoluent : vente à distance, livraison à domicile, mais aussi consommation nomade (snacking etc).

La réduction est le premier levier pour réduire les impacts environnementaux des emballages, et différentes règlementations fixent des objectifs précis :

  • Une réduction de 15% du gisement inscrite dans le Code de l’Environnement ;
  • Une réduction des emballages plastiques à usage unique de 20% d’ici fin 2025, dans la loi AGEC ;
  • Une réduction de 80% des émissions de CO2 d’ici 2050 fixés par l’Accord de Paris.

Citeo a réalisé une étude qui compare un panier d’emballages optimisables à un panier d’emballages sobres (c'est-à-dire réduits !).

Le résultat : - 56% de poids, - 48% d’émissions de CO2 et - 52% de consommation d’énergie pour la version sobre !

5 nouveaux leviers pour la réduction

L’optimisation a longtemps été un choix des entreprises pour réduire les emballages. Par exemple, les bouteilles d’eau ont vu leur poids réduire de 40% en 25 ans. Néanmoins, les industriels sont allés au bout de cette démarche et ces actions ne sont plus suffisantes pour atteindre les objectifs réglementaires et répondre aux enjeux de la transition environnementale. De nouveaux leviers ont donc été identifiés :

  • Limiter les emballages de regroupement : il est question de supprimer, ou à minima de réduire, les emballages permettant de matérialiser une promotion (« les lots promotionnels »), que ces emballages soient en plastique ou en carton ! La solution ? La promotion virtuelle, matérialisée par un stop rayon, et appliquée directement en caisse.
  • Passer au grand format : par grand format, on entend le fait de commercialiser des produits deux fois plus grand que le cœur de marché actuel. Par exemple, il s’agirait de commercialiser un dentifrice dans un emballage de 140ML, tenant tout aussi bien en main, plutôt qu’un tube de 70ML, sans risque de gaspillage pour le produit. Néanmoins, ce levier ne peut pas s’appliquer à tous les produits et il faut être vigilant à ne pas encourager le gaspillage (puisqu'on achète plus de produit !), ce qui augmenterait les impacts environnementaux du couple produit / emballage.
  • Les emballages souples : Ils sont utilisés pour les recharges destinées aux emballages réutilisables et pour les emballages à usage unique (sucre, paquet de riz…). Aujourd’hui, on innove avec de la viande hachée dans des emballages souples, ou du dentifrice comme pour la marque Pierre Fabre. Côté recyclabilité, les emballages souples en PE sont recyclables (à condition que le reste de leurs composants soit compatibles avec la filière). Les emballages souples en PP devraient avoir une filière de recyclage opérationnelle en 2025.
  • La frugalité : elle interroge le retour aux fonctions essentielles des emballages : protection, conservation, transport et informations indispensables sur le produit. Une question fondamentale pour penser des emballages utiles et sobres. Exemple avec Maille, qui en supprimant ses tire-croqs, permet de conserver 222 tonnes de plastique. Les consommateurs ont comme alternative d’attraper les cornichons… tout simplement avec une fourchette !
  • Produits solides / concentrés ou à diluer : c’est un travail de réduction sur le produit qui permet de réduire l’emballage... et c’est l’un des leviers les plus disruptifs, parce qu’il peut changer drastiquement les habitudes du consommateur, en inventant de nouveaux codes de marché. Par exemple, les shampoings solides ou le dentifrice à croquer. Il nécessite une vraie réflexion pour éviter tout transfert d’impact, en faisant attention notamment à ce que la production ne nécessite pas plus d'énergie.

La réduction : qu’en pensent les consommateurs ?

Citeo et Adelphe ont réalisé une étude intitulée « Perception de la réduction d’emballage par les consommateurs français » en 2024 avec le cabinet d’étude ActionPlus, pour explorer la compréhension des consommateurs sur le sujet de la réduction des emballages. L’étude s’est déroulée en 2 temps :

  • Un terrain exploratoire, avec des entretiens consommateurs en salle, en face en face, pour comprendre les habitudes, les attentes et les visions des emballages réduits ;
  • Un terrain shopper en rayon et en sortie de caisse pour travailler sur un cas concret : la perception de l’utilité de l’étui carton autour d’un tube de crème de soin visage.

L’étude permet de mettre en avant 5 grands enseignements :

  • La notion de réduction est une notion difficile à appréhender pour les consommateurs. L’emballage réduit est davantage envisagé à travers le prisme du suremballage. Les consommateurs n’envisagent la réduction qu’à travers ce qui se « voit » (comme la suppression d’un élément d’emballage) ce qui empêche de considérer d’autres leviers comme l’optimisation (comme la réduction du poids), par exemple.
  • Les consommateurs attendent d’un emballage qu’il soit « juste », sans suremballage et avec le moins de vide à l’intérieur (voire sans !). Le changement de matériau peut aussi être envisagé comme « juste » pour les consommateurs ; mais les croyances sur certains matériaux peuvent être parfois faussées (ex : remplacer du plastique par du carton n’est pas toujours plus efficient en termes d’impact environnemental).
  • Lorsqu’on demande aux acheteurs de tubes de crème avec un étui carton s’ils pourraient l’acheter sans l’étui, 95 % des consommateurs disent oui, en gardant le même prix (96% si c'est moins cher).
  • Les emballages réduits ont des avantages pour les consommateurs : ils prennent moins de place dans leur bac de tri, et donc permettent de « moins sortir les poubelles ». Ils sont jugés aussi comme moins lourds à porter en rentrant des courses et plus faciles à ranger une fois au domicile, prenant moins de place dans les placards. Enfin ils ont un impact sur l’environnement moindre, un facteur important pour les consommateurs engagés notamment. A noter : dans l’absolu, le consommateur attend d’un emballage réduit, qu‘il soit moins cher.
  • Mais la réduction d’un emballage crée aussi parfois quelques doutes chez les consommateurs : sur la conservation du produit une fois l’emballage ouvert, sur son stockage (manque de stabilité pour les emballages souples notamment) et sur la solidité de l’emballage réduit, avec un risque de détérioration lors des trajets magasin-domicile ou dans les placards à côté des autres produits.

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#écoconception

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Monin et Fauchon : témoignages et retours d’expériences

Le point commun entre ces deux projets ? Ils sont accompagnés par Citeo et Adelphe grâce aux appels à projets, et ont bénéficié d’un suivi sur leurs démarches de réduction de leurs emballages.

La maison d’épicerie de luxe Fauchon s’est attaqué à sa gamme de biscuits, une gamme historique remontant aux années 1886.
En collaboration avec les équipes écoconception de Citeo, elle a fait évoluer l'emballage en carton, composé d’une barquette en carton et d’un film plastique, à un emballage en carton en étui coffret.
Résultat ? L’analyse du cycle de vie révèle une baisse de 35% de l'impact en CO2 de l'emballage et des économies, en réduisant le nombre de fournisseurs et le nombre de références, et avec moins d'espace de stockage nécessaire.

Pour la marque Monin, produisant et commercialisant du sirop, de la liqueur et de la purée de fruit, l’objectif est de réduire de 10% leurs bouteilles en verre.

Les enjeux :

  • Marketing : l’image de marque et ses codes visuels doivent être conservés, limitant la réduction de la taille de l’emballage.
  • Industriel : les propriétés techniques des bouteilles doivent être conservées pour l’ensemble des verriers qui produisent les emballages.

Objectif atteint pour les bouteilles Monin, avec une réduction de 12%. Les travaux continuent pour les bouteilles de la Maison Guiot.

Citeo et Adelphe : partenaires des entreprises dans leurs démarches de réduction

Géraldine Gauvin

L'optimisation ne suffit plus pour atteindre les objectifs réglementaires et lorsqu'il n'est pas possible de se passer de l'usage unique, des projets ambitieux devront être mis en place pour réduire le gisement d'emballages ! C'est le sens de notre proposition de travail autour des 5 leviers de la réduction. Nous invitons les entreprises à questionner et repenser leurs emballages et souhaitons les accompagner car cette transition ne se fera pas du jour au lendemain et nécessite de gros changements.

Géraldine Gauvin
Géraldine Gauvin Responsable Ecoconception - Réduction

Notre rôle :

  • Renforcer l’accompagnement des entreprises à l’échelle individuelle et collective ;
  • Renforcer la communication auprès des consommateurs et les orienter à faire les bons choix pour privilégier les emballages les plus réduits et les plus recyclables.

Pour accompagner les entreprises dans une démarche de réduction de leurs emballages, Citeo et Adelphe déploient deux dispositifs :

  • Appel à projets Réduction 2025 : pour accompagner les projets de réduction des entreprises avec une aide financière apportée aux participants qui peut s’élever jusqu'à 100 000 €

Appel à projet Réduction 2025

  • Une démarche sectorielle : l’idée est de réunir des entreprises, sur la base du volontariat, pour réfléchir aux leviers à actionner pour réduire leurs emballages et à agir de manière collective. Pour participer, cliquer ici.
#emballages#écoconception