Sophie Fabre

Directrice réemploi et nouveaux services de collecte de Citeo

Interview Expert

Le grand retour du réemploi des emballages

Sortir de la norme de l'usage unique des emballages. L’ambition est posée par les pouvoirs publics et par les consommateurs qui sont prêts à adopter de nouvelles habitudes pour limiter l’impact de leur consommation sur l’environnement. Sophie Fabre, directrice réemploi et nouveaux services de collecte de Citeo dresse un état des lieux du réemploi des emballages en France et des conditions de son succès à grande échelle.  

#réemploi#emballages

    Commençons par définir la notion. Qu'est-ce qu'un emballage réemployable ? 

    C'est un emballage qui peut être utilisé à nouveau, pour un usage identique à celui pour lequel il a été conçu. Par exemple, une bouteille de bière qui est lavée pour être remplie à nouveau avec de la bière. En France, les brasseries Météor en Alsace et de Bourbon sur l'île de La Réunion commercialisent plusieurs millions de bouteilles réemployables chaque année. On trouve aussi des initiatives locales dans de nombreuses régions.

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    #emballages#réemploi

    Le réemploi est-il toujours associé à une consigne monétaire ?

    Beaucoup se souviennent en effet des bouteilles consignées qu’on rapportait contre une petite somme d’argent pour qu’elles soient réemployées. La consigne n’est pas nécessairement associée au réemploi. A la Réunion par exemple, les bouteilles réemployables sont récupérées sans échange monétaire et les consommateurs ont adoptés le geste depuis longtemps.
    Par ailleurs, le système de consigne monétaire peut aussi s’appliquer à des emballages à usage unique qui sont rapportés pour être recyclés. Ce système de consigne pour recyclage existe dans plusieurs pays européens, comme en Allemagne. 

    Pourquoi le verre est le matériau roi du réemploi ? 

    Le verre est un matériau inerte qui a prouvé son efficacité en tant que matériau d’emballages, notamment de bouteilles, réemployables. Elles peuvent effectuer un grand nombre de rotations, c’est-à-dire être rapportées par les consommateurs, partir dans le circuit de lavage et de (re)conditionnement, puis revenir en point de vente.
    Par ailleurs, le verre est lavé avant d'être utilisé à nouveau et lors de l'inspection par les machines, les bouteilles aptes au réemploi répondent aux mêmes exigences que les bouteilles neuves.
    En 2017, plus de 227 000 tonnes d'emballages en verre, des bouteilles principalement, ont été réemployées en France. La grande majorité (220K tonnes) des bouteilles réemployées circulent dans le circuit CHR (Café-Hôtel-Restaurant), le reste (7K tonnes) dans le circuit des emballages ménagers. C’est notamment pour augmenter la part d’emballages réemployables dans le circuit ménager que la loi AGEC relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire fixe des objectifs chiffrés. 

    En quoi la nouvelle loi relative à la lutte contre le gaspillage et l'économie circulaire est une avancée pour le réemploi ? 

    Adoptée début 2020, la loi est une étape importante car elle est entièrement dédiée à l'économie circulaire et la lutte contre le gaspillage. Les français sont prêts à changer leurs habitudes de consommation pour préserver l’environnement.
    Cette loi vient donc en réponse directe aux citoyens et soutient ce changement d’habitude. Plusieurs mesures concernant le réemploi seront appliquées progressivement dès 2021 : la création d’un observatoire du réemploi ; la définition de standards d’emballages réemployables pour la restauration, la boisson et le frais pour 2022 ; 5 % d’emballages réemployés en 2023 puis 10 % en 2027.
    Dès 2023, les éco-organismes devront également investir l’équivalent de 2 % de leurs contributions dans des projets de réemploi. Ce que nous avons déjà initié en soutenant plusieurs projets de développement. Et nous annoncerons prochainement de nouveaux projets prometteurs détectés dans le cadre d’un Appel à Manifestation d’Intérêt mené avec l’ADEME.  

    Découvrez les projets de réemploi accompagnés par Citeo

    Sortir des emballages à usage unique ? l’innovation s’y (ré)emploie

    #réemploi#économie circulaire

    Les qualités environnementales du réemploi sont-elles prouvées aujourd’hui ? 

    Nous avons encore beaucoup de choses à étudier sur ce point mais ce qui est certain, c'est que réemployer un emballage permet de réduire la quantité de déchets produite : quand on réemploie, on évite de mettre sur le marché un nouvel emballage ; et aussi de rentabiliser les impacts liés à la production de l’emballage.
    Mais pour un bilan environnemental global positif, plusieurs conditions doivent être réunies : de multiples rotations de l'emballage (la conception de l’emballage doit être adaptée aux différentes étapes : transport, lavage, etc.), des consommateurs engagés qui les rapportent, une optimisation de transport pour limiter les gaz à effet de serre et un modèle économique robuste pour envisager un développement à grande échelle. Ce sont les axes sur lesquels nous travaillons avec nos clients et partenaires.

    Quel rôle entend jouer Citeo dans le développement du réemploi ? 

    Notre métier est d'éclairer les décisions de nos clients qui souhaitent mettre des produits sur le marché de manière responsable. Pour ce faire, nous devons comprendre les avantages et les limites de chaque solution : usage unique, réemploi, vrac. Ainsi les projets que nous soutenons permettent d'inventer de nouveaux modèles en réduisant l'impact sur l'environnement.
    Par ailleurs, nous organisons aussi la montée en compétence des metteurs en marché sur le réemploi et les conditions de sa performance environnementale avant, à terme, de les accompagner plus en profondeur pour développer leurs projets et devenir ainsi un véritable facilitateur du développement du réemploi là où il est pertinent.

    #réemploi#emballages#économie circulaire
    Le grand retour du réemploi des emballages