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Valentin Fournel

Directeur services éco-conception

Interview Expert

Produire durablement grâce à l'éco-conception

La question est au cœur de la conduite du changement des modes de production : comment réduire les impacts sur l’environnement des produits et des emballages ? L’éco-conception est l'une des réponses clés. Penser toutes les étapes de leur fabrication de façon à limiter le recours aux matières premières, les émissions de gaz à effet de serre, l'utilisation d'eau… ; la méthode s'impose dans les logiques industrielles. Valentin Fournel, directeur services éco-conception de Citeo revient sur les grands enjeux de l'éco-conception des emballages et des papiers, les solutions en cours et l'accompagnement que propose Citeo à ses clients et aux fabricants. 

#écoconception#emballages

    Comment peut-on définir l'éco-conception ?

    C’est la prise en compte systématique de l’impact environnemental d’un produit ou d’un emballage au moment de sa conception. L’emballage joue plusieurs rôles : transporter, conserver, protéger le produit, et aussi informer les consommateurs sur ses caractéristiques nutritionnelles ou sur la consigne de tri associée. Ces fonctions essentielles doivent être assurées tout en ayant un impact le plus faible possible sur l’environnement. On sait que l’emballage représente en moyenne 10% de l’impact environnemental d’un produit. On sait aussi comment agir dès sa conception pour réduire cet impact. 
     

    Alors, quelles sont les règles d’or de l’éco-conception selon Citeo ? 

    Tout l'enjeu est de limiter au maximum l’utilisation de ressources naturelles et de faire en sorte qu’on puisse récupérer la plus grande quantité de matière possible en fin de vie (ou début de nouvelle vie !). Il faut chercher « le juste emballage ». C’est à dire un emballage qui conserve ses fonctions essentielles, évite le gaspillage du produit tout en réduisant au maximum ses impacts sur l’environnement. L’une des premières questions à se poser est celle de la réduction : il faut se demander si tous les éléments constitutifs de l’emballage sont indispensables ; si la réponse est oui, il s’agit d’utiliser la juste quantité de matière, ni trop, ni trop peu, et d’optimiser sa taille, son poids et son volume. Est-il possible de réemployer cet emballage ? Existe-t-il un système adéquat ?
    Deuxième question, celle de sa recyclabilité, qui se pose aussi pour les papiers : mon emballage ou papier va-t-il intégrer une filière existante ? Va-t-il permettre une récupération maximale de la matière ? Troisième question, celle de l’origine de la matière avec l’introduction des notions de ressources renouvelables et de gestion durable. L’intégration de matière recyclée permet d’éviter le recours à la matière vierge, et utiliser des matières issues de ressources renouvelables peut dans certains cas être intéressant sur le plan environnemental.
    Enfin, l’emballage ou le produit en papier éco-conçu doit porter un message d’information pour les consommateurs sur sa consigne de tri après usage, et lui indiquer s’il a fait l’objet d’une action d’éco-conception.  

    En matière de réduction, concevoir des emballages réemployables est-il une solution ?  

    Nous avons encore beaucoup de choses à étudier sur la question du réemploi, mais ce qui est certain, c’est que réemployer un emballage permet de réduire la quantité de déchets : quand on réemploie, on évite de mettre sur le marché un nouvel emballage.
    Mais pour obtenir un bilan environnemental global positif, plusieurs conditions doivent être réunies : l’emballage doit être rapporté un grand nombre de fois par les consommateurs pour être remis en circulation, c’est ce qu’on appelle les rotations ; les consommateurs doivent donc s’engager à faire ce geste de retour systématique ; le transport du point de retour à l’unité de lavage, puis de l’unité de lavage au site de reconditionnement doit être optimisée pour limiter les gaz à effet de serre ; enfin, un modèle économique robuste doit être imaginé pour envisager un développement à grande échelle.
    Ce sont les axes sur lesquels nous travaillons avec nos clients et partenaires, dont des start-up qui expérimentent des solutions prometteuses.  

    Pour aller plus loin

    [FAQ] Réemploi : une solution pour réduire l’impact environnemental des emballages

    #emballages#réemploi

    Revenons sur la recyclabilité. Comment savoir si un emballage est recyclable et comment faire les bons choix ? 

    Là aussi la recyclabilité a ses prérequis. Un emballage recyclage est un emballage qui s’inscrit dans une parfaite circularité : il peut être trié par les consommateurs puis collecté, traité en centre de tri industriel et transformé en nouvelle matière première ou en produit. Pour que les emballages et les papiers respectent ces critères, il y a 3 règles à observer. D’abord, faire en sorte, autant que faire se peut, qu’il soit composé d’un seul matériau ou pour les emballages en plastique, d’une seule résine. Ensuite, il faut que ce matériau dispose d’une filière de recyclage, et ce n’est pas encore le cas pour tous les emballages en plastique ; nous y travaillons avec de nombreux partenaires, à la fois en agissant sur la conception des emballages et en travaillant sur de nouvelles technologies de recyclage. Il faut enfin s’assurer que les éléments constitutifs de l’emballage ne viendront pas perturber le recyclage : systèmes de fermetures, étiquettes, colles et encres, etc. 

    Que peut-on retenir des avancées en éco-conception ces dernières années ? 

    Des progrès considérables ont été faits. Quelques exemples en matière de réduction : la bouteille d’eau a perdu 40% de son poids, des packs de 4 yaourts et des tubes de dentifrices n’ont plus de cavalier ni d’étui en carton, des gels douche et des déodorants concentrés ont pu réduire leur taille et poids tout en garantissant le même usage aux consommateurs. Entre 2007 et 2012, plus de 100 000 tonnes d’emballages ont été évitées grâce aux actions de réduction.
    Côté recyclabilité, on peut citer l’évolution de la barquette de jambon, passée du plastique PVC au mono-PET recyclable ; nous travaillons aujourd’hui via nos appels à projets pour que l’opercule le soit aussi. Autre avancée majeure : l’identification de solutions colorantes sombres, pour les barquettes notamment, détectables en centre de tri. Elles sont aujourd’hui accessibles et nous incitons à leur utilisation.

    Colorants sombres : découvrez le plan d'actions et les solutions

    Emballages sombres en plastique : comment les rendre détectables en centre de tri pour mieux les recycler ?

    #écoconception#plastiques

    Quels sont les grands enjeux aujourd’hui ? 

    Au centre des enjeux d’éco-conception, les plastiques. Aujourd’hui, ¼ des emballages en plastique n’est pas recyclable et un autre ¼ doit améliorer sa recyclabilité. Aujourd’hui, c’est le matériau qui mobilise nos efforts en Recherche et Développement, avec le papier-carton qui peut remplacer le plastique dans certaines applications afin de concevoir des emballages recyclables. Par exemples, les projets que nous soutenons cherchent des solutions pour le secteur de l’alimentaire et de l’épicerie, pour les tablettes de chocolat, le café, la confiserie ou les spiritueux. Autre exemple, demain il existera un gobelet en carton sans pelliculage plastique et parfaitement recyclable.

    Par ailleurs, nos investissements et nos partenariats avec le Centre Technique du Papier ou la Fédération de la Plasturgie et des Composites, permettent d’améliorer la recyclabilité des bouteilles (en PET opaque, avec manchons), des barquettes operculées, des pots de yaourt et des emballages souples. Nous adressons aussi des problématiques spécifiques comme celles les huiles minérales que l’on trouve dans certaines encres. Elles posent des questions sanitaires et menacent l’économie circulaire des papiers et cartons. Là aussi nos investissements permettent de développer des tests pour trouver des solutions alternatives. Nous finançons aussi des projets qui visent à intégrer de la matière recyclée dans les emballages

    Les entreprises qui produisent et mettent sur le marché des papiers et des produits emballés sont en 1ère ligne. Comment Citeo les incite à adopter les bonnes pratiques ? 

    Oui, elles sont en première ligne et, comme on l’a dit, beaucoup d’entre elles ont déjà agi, souvent avec la collaboration de leur fournisseur fabricant. Mais il reste encore des marges de manœuvre. Nous mettons à la disposition de nos clients, grands groupes, PME ou TPE, la connaissance de nos experts et une offre complète d’outils et services. En fonction de sa maturité environnementale et donc de ses besoins, chaque entreprise s’y retrouve : du diagnostic précis de la recyclabilité de vos emballages avec TREE, à l’outil expert d’Analyse de Cycle de Vie BEE, en passant par de nombreux guides et webinars. Ces formations en ligne ont permis de sensibiliser près de 1 000 collaborateurs d’entreprises sur les sujets d’éco-conception en 2019. Nous avons proposé des webinars « experts » sur des thématiques pointues à enjeux, comme les emballages souples ou la recyclabilité des pots et barquettes. Ces formations rencontrent un vif succès car elles permettent aux participants de bénéficier d’une expertise de qualité, à distance et en quelques heures seulement. 

    En complément de vos services et formations, avez-vous d’autres leviers d’incitation ? 
     

    Oui, une incitation financière dans le tarif pour le recyclage que nous appliquons à nos clients. Il est construit autour de deux principes clés. D’abord, l’éco-modulation : des bonus récompensent les entreprises qui allègent ou suppriment des unités d’emballages dispensables ; intègrent de la matière recyclée ; diffusent un message sur le tri à l’attention des consommateurs. Les malus pénalisent les emballages et papiers qui perturbent le recyclage.
    Deuxième principe qui s’applique aux emballages à partir de 2020 : un tarif qui incite à l’utilisation d’emballages ayant des filières de recyclage matures et pérennes.
     

    #écoconception#emballages#papiers
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