10 histoires que vous ignorez (sans doute) sur les emballages
1. Le tonneau : 2 000 ans d'histoire... du vin

L'histoire du tonneau remonte à... l'Antiquité ! Inventé par les Gaulois (ou par les Etrusques... les historiens en débattent encore) pour la conservation de la cervoise et d'autres liquides, c'est aux Romains que l'on doit son utilisation pour le transport du vin. Comparé aux amphores en terre cuite qu'il a remplacées, ses qualités étaient évidentes : maniable par un seul homme – il roule ! – empilable en entrepôt, etc.
A la Renaissance, le tonneau vit une nouvelle révolution quand les marchands hollandais découvrent qu'en y brûlant une mèche de soufre, la qualité et le vieillissement du vin sont meilleurs ! Résultat : le vin pouvait alors être conservé des décennies durant, contre un an auparavant. Une invention qui dure, autant que la place du vin dans nos sociétés !
2. La boîte de conserve : utile aux armées, puis aux foyers !

C'est à la fin du XVIIIe siècle qu'un confiseur français, Nicolas Appert invente une méthode révolutionnaire de stérilisation des aliments : en plaçant fruits ou légumes dans des bocaux étanches chauffés à haute température, il arrive à détruire les micro-organismes qui altèrent la nourriture. Il décide que ce procédé, qui portera son nom : "l'appertisation" ne fera pas l'objet d'un brevet et pourra profiter ainsi au plus grand nombre. La boîte de conserve telle que nous la connaissons est née !
Permettant la conservation longue durée de denrées périssables, c'est naturellement dans la marine et auprès du monde militaire qu'elle trouve ses premiers adeptes. Mais c'est vraiment au XXe siècle qu'elle prend son essor au point d'être vue comme l'emblème de la société de consommation dans les années 1950, en révolutionnant les habitudes alimentaires des foyers partout dans le monde.
3. La boite d'œufs : emballer la fragilité

Avant cette invention, on livrait les œufs dans des paniers remplis de paillage, qui les protégeait pendant leur transport. La légende dit qu’en 1911, un hôtelier aurait querellé un fermier à propos d’œufs fêlés lors d’une livraison. Cet épisode aurait donné l’idée au canadien Joseph Coyle d’inventer la célèbre boîte à alvéoles.
Un emballage astucieux à plus d’un titre : adapté à la forme des œufs, conçu pour absorber les chocs, il permet d’assurer leur transport mais aussi leur stockage chez les particuliers. Les boites alvéolées sont fabriquées en grande majorité en fibres de cellulose recyclées, ce qui les rend recyclables avec les emballages papiers-cartons. En clair, on ne fait pas un emballage de génie sans casser des œufs !
4. La canette en métal : symbole d'une vie nomade

Si on l'associe le plus souvent aux sodas, l'histoire de la canette est d'abord liée au conditionnement de la bière. Son ancêtre apparait aux États-Unis dans les années 30 chez un brasseur. Elle est alors en fer-blanc, comme les boites de conserve. Mais c'est en 1963, avec l'invention de la languette par l'ingénieur américain Ermal Fraze, qu'elle connaît alors une immense popularité. Auparavant, les gens se servaient de couteaux ou d'autres objets coupants pour l'ouvrir. Mais, détachable, cette languette devient vite un fléau pour l’environnement : jetés par les consommateurs, on retrouve ces petits morceaux métalliques en grande quantité dans les rues ou les terrains de sport.
En 1975, la solution vient de Daniel F. Cudzik, un ingénieur de Reynolds Metals, qui travaillait depuis des années sur ce qui allait devenir la « Sta-Tab » : un système d’ouverture pratique où la languette reste attachée au corps de la canette, faisant moins de déchets.
Légère, compacte, imperméable, solide, la canette est vite adoptée par les consommateurs du monde entier au point qu'ils en consomment plus de 200 milliards chaque année. Qu’elle soit en aluminium ou en métal, elle est parfaitement recyclable notamment car elle ne contient ni étiquette, ni bouchon, ni couvercle.
5. Le petit pot pour bébé : la sécurité alimentaire à l'oreille !

Imaginé par Dan Gerber, un agriculteur américain dans les années 30, cet emballage culte prend véritablement son envol en France après-guerre. C’est Joseph-Léon Jacquemaire, pharmacien et chercheur en diététique infantile, qui en lance la production. Au début, le petit pot est en fer, mais le verre le remplace très vite.
Enfant des Trente Glorieuses, le petit pot est plébiscité par les parents pour le temps qu'il fait gagner, tout en assurant une sécurité alimentaire bien sonore.
En effet, lors du refroidissement qui suit la pasteurisation du produit, son couvercle métallique subit une dépression qui en déforme le disque central. Le fameux son « pop-up » lors de son ouverture garantit aux parents que l’emballage n’a pas été ouvert par choc ou effraction !
6. La brique de lait : une invention venue du froid

Jusqu’au XIXe siècle, le lait cru s'achète à la ferme et on le consomme rapidement avant qu’il ne tourne. C'est seulement à l'aube du XXe siècle qu'a débuté sa commercialisation sous forme pasteurisée ou stérilisée, permettant ainsi de faciliter sa diffusion, notamment dans les grandes villes. Au début, il est conditionné dans des boites en fer étamé, puis dans des bouteilles en verre livrés par l'iconique milk man ! Quand soudain, la révolution vint du Nord...
En 1951, l’ingénieur suédois Ruben Rausing invente la machine Tetra Pak, qui assure en simultané la fabrication de l’emballage et son remplissage. Conditionné sous vide d’air, le lait se conserve ainsi plus longtemps ! La boucle est bouclée en 1963, quand la société invente l’emballage Tetra Brik, de forme rectangulaire qui, couplé avec le procédé UHT (Ultra-Haute Température), assure sa conservation pendant plus de trois mois, sans agent conservateur et à température ambiante. Et l’emballage est recyclable.
7. L’inhalateur : quand la santé s'emballe

Si le développement des inhalateurs personnels date d'après la seconde guerre mondiale, ils sont le résultat d’un long processus d’innovation qui démarre au XVIIe siècle, puis s’accélère au XIXe siècle avec l’invention du pulvérisateur portable par le docteur Sales-Giróns, à Paris. Un moyen de soigner les maladies des voies respiratoires, comme les bronchites, l’asthme, la tuberculose, ou encore la pneumonie !
Celui de Ventoline® - pour lutter contre l’asthme - est iconique. Mais la famille des inhalateurs est large. Ils peuvent être en métal comme en plastique, et sont indispensables pour se soigner. On peut citer par exemple la trinitrine, utilisée en spray par les personnes cardiaques en cas de crise. Un emballage incontournable pour délivrer la juste dose de médicament et respecter la prescription !
8. Le bouchon "solidaire" pour lutter contre la pollution

Aujourd'hui, le principal enjeu pour les emballages c’est de réduire leur impact sur l’environnement. Comme beaucoup d’industriels, les fabricants de bouteilles d'eau en plastique se tournent vers l'écoconception : réduction du poids de la bouteille, utilisation de plastique recyclé, étiquette et colle compatible au recyclage... mais aussi d'autres innovations comme ce bouchon attaché à la bouteille imaginé par Cristaline.
L'objectif ? Prévenir le risque de perte du bouchon dans la nature, et notamment son ingestion par les oiseaux marins. Cette innovation permet également le recyclage systématique du bouchon avec la bouteille, ce qui fait plus de matière à recycler. Elle anticipe aussi les réglementations européennes et nationales, qui visent le recyclage de tous les emballages en plastique d’ici 2025 et la généralisation du bouchon solidaire.
9. La bouteille consignée pour réemploi : retour d’une pratique - un peu - oubliée

L'histoire de la consigne pour réemploi commence en 1799 à Dublin avec l'entreprise A & R Thwaites & Co : elle promettait 2 shillings pour chaque douzaine de bouteilles en verre de son eau gazeuse retournée par ses clients. En 1884, la Suède met à son tour en place un système similaire (lavage des emballages, re-remplissage et retour au point de vente) et standardise ses bouteilles.
En France, nous devons attendre jusqu'en 1938 avant que la consigne devienne obligatoire pour les brasseries et les entreprises qui commercialisent des eaux gazeuses.
Initiée par les laitiers qui passaient déposer puis ramasser les vidanges de lait en période de guerre, c'est à partir de la deuxième moitié du XXème siècle que la consigne fut intégrée aux pratiques courantes de consommation des Français, avant de s’effacer devant la multiplication des produits et des marques, et le succès des bouteilles en plastique (plus légères, avec une logistique plus simple).
Parmi les régions qui n’ont jamais cessé de proposer des bouteilles en verre consignées, l’Alsace ! Avec notamment la Brasserie Météor qui représente à elle seule 42% du parc français de bouteilles réemployables vendues aux particuliers. Avec ou sans consigne monétaire, le réemploi est aujourd’hui en quête des modèles les plus performants, tant au plan environnemental qu’économique, avec des nombreuses expérimentations en cours, partout en France.
10. Le gobelet en papier-carton nouvelle génération se jette à l’eau

L'histoire des emballages a été guidée par la recherche de technologies de conservation, de sécurité alimentaire, de protection pendant le transport ou encore de traçabilité… Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! A chaque époque ses enjeux, et à l'ère de la transition écologique, l’écoconception des emballages s'impose.
Avec ses partenaires dont Citeo, le Centre Technique du Papier a ainsi développé un gobelet en papier-carton doté d’un nouveau pouvoir : celui d’être résistant à l’eau ! C’est grâce à la technique de la chromatogénie qui consiste à greffer des acides gras sur le papier-carton pour le rendre étanche. Résultat, le gobelet n’a plus besoin de la couche plastique qui assure aujourd’hui cette fonction et devient plus facilement recyclable.
Face à l’urgence environnementale et à l’impératif de réduire, réemployer et recycler, l’innovation des emballages a encore beaux jours devant elle !