Emballages et matières : démêlons le vrai du faux !

#écoconception#emballages
Le papier-carton est-il biodégradable ? L’emballage contenant de la matière recyclée est-il meilleur pour la planète ? Pourrait-on réemployer tous nos emballages ? Vrai ou faux ? Citeo décrypte pour vous quelques idées reçues sur les emballages et les matières. 

Le papier-carton, un matériau issu de la fibre de cellulose, elle-même extraite des arbres. C’est donc une matière biodégradable qui peut se décomposer sous l’action de bactéries, de champignons ou encore d’algues. Mais pour réussir l’opération, il faut que les bonnes conditions soient réunies.
Avec de l’oxygène, des micro-organismes, une température et un taux d’humidité adapté, le compostage crée cet environnement propice. On peut le faire chez soi, dans un composteur individuel, sous réserve de mélanger les déchets, aérer les matières et surveiller l’humidité. Les professionnels eux, réalisent l’opération dans des usines de compostage industriel où les températures montent à 70° C, produisant ainsi des engrais naturels à partir des biodéchets !
En un mot, le papier-carton est bien compostable dans certaines conditions. L’emballage en papier-carton peut l’être aussi mais il est plus complexe : très souvent, il possède une couche de plastique pour bien protéger les aliments qu’il contient, il est aussi composé d’encres et de colles. Surtout, comme tout emballage, il ne faut jamais le jeter dans la nature, car il ne se dégrade pas de la même manière dans tous les milieux, et peut avoir ainsi un impact négatif sur la biodiversité.
D’ailleurs, le terme "biodégradable" est interdit par la loi sur les emballages et les produits.

Pour aller plus loin

[infographie] Le point sur les emballages compostables

#emballages

Les plastiques biosourcés peuvent être produits à partir d’amidon de maïs, de canne à sucre, de dioxyde de carbone, de bactéries… Ils sont prometteurs pour réduire l’utilisation de ressources fossiles, comme le pétrole qui sert à fabriquer des emballages en plastique, mais doivent remplir un certain nombre de critères pour être plus pertinents au plan environnemental. 
Pour « gagner ce match », les plastiques biosourcés doivent prouver que leurs impacts sur l’environnement sont moindres, depuis leur production jusqu’à leur fin de vie. Or actuellement, ceux d’origine végétale sont très consommateurs d'eau, d'engrais au stade de leur production (c’est par exemple le cas du maïs), et d’énergie lors de leur transformation chimique.
Par ailleurs, les plastiques biosourcés doivent impérativement être recyclables. Certains sont conçus dans des résines qui se recyclent bien comme le bioPE qui sera recyclé dans la filière du PE. D’autres sont de nouvelles résines qui pourraient disposer de leur propre filière de recyclage. C’est complexe techniquement et implique d’importants changements sur les lignes de conditionnement des produits. Plusieurs travaux sont actuellement menés pour développer cette recyclabilité et portent notamment sur deux résines plastiques prometteuses, l’acide polylactique (PLA) et le polyéthylène furanoate (PEF).

Pour en savoir plus sur les nouveaux plastiques

Nouveaux plastiques et plastiques biosourcés : quelle place dans l'économie circulaire ?

#plastiques#innovation

Un emballage réemployable est un emballage qui a été conçu, créé et mis sur le marché pour pouvoir accomplir pendant son cycle de vie plusieurs trajets ou rotations en étant rempli à nouveau ou réutilisé pour un usage identique à celui pour lequel il a été conçu.
Exemple, une bouteille de bière qui est lavée pour être remplie à nouveau avec de la bière est un emballage réemployable. Les emballages doivent relever plusieurs challenges pour pouvoir être ainsi réutilisés.
Le premier challenge est technique et d'ordre sanitaire. Prenez une barquette de lardons actuellement sur le marché : c’est un emballage en plastique thermoformé avec une fermeture optimale dont la forme est développée sur une ligne de conditionnement, spécifiquement adaptée au produit et à sa bonne conservation. Le défi est de développer des emballages réemployables garantissant les mêmes qualités de protection et de conservation sur plusieurs boucles. Cette même barquette conçue pour l’usage unique, doit par ailleurs être renforcée pour supporter plusieurs utilisations et bénéficier d’une solution de lavage optimale, deux conditions indispensables à son réemploi. Mais pas de panique, les acteurs du réemploi travaillent pour inventer des emballages capables de tenir le choc ! On va même vers des emballages réemployables standards, notamment pour les secteurs du frais, de la boisson et de la restauration. On fait le Tour de la question en images !
Le deuxième challenge est environnemental. Par exemple, une bouteille en verre de whisky assure la conservation de la boisson au-delà des frontières de l’Écosse. Imaginez un circuit de réemploi, qui impliquerait le transport du produit à l’étranger, le lavage des bouteilles proche des lieux de consommation, leur voyage retour en Écosse pour être remplies de nouveau par le producteur…  Le bilan environnemental serait défavorable. Dans ce cas, l’usage unique associé au recyclage serait plus pertinent.
Enfin le troisième challenge est économique. Pour se développer, le réemploi des emballages doit être compétitif par rapport aux solutions qu’il remplace. Car avec lui se crée une toute nouvelle organisation, esquissée avec l’exemple écossais : le transport du produit, son lavage après consommation dans des centres dédiés, son reconditionnement pour un retour à la vente. Cela a un coût et demeure actuellement moins rentable que des solutions optimisées d’emballages à usage unique recyclables.
Enfin un dernier point, d’ordre comportemental. Les consommateurs doivent rapporter l’emballage ou le contenant réemployable pour qu’il soit réemployé ! Un geste qui, avant de devenir une habitude, demandera des efforts et de la communication et de pédagogie.

Parce qu’il compte parmi les plus importantes sources de pollution lorsqu’il n’est pas correctement géré en fin de vie, notamment des mers et des océans, le plastique est pointé du doigt. Pourtant, tout en étant léger, il protège efficacement les produits (notamment lors du transport), assure leur conservation et ainsi, évite leur gaspillage. Un emballage en verre semblera à première vue préférable d'un point de vue environnemental, mais il est également plus lourd, et pourrait occasionner des émissions de carbone plus élevées lors de sa fabrication, de son transport et de son recyclage.
Mais pas de conclusions hâtives ! pour substituer un matériau d’emballage par un autre, il faut mesurer ses impacts environnementaux à l’aide d’une Analyse de Cycle de Vie (ACV). Cette méthode quantifie les impacts environnementaux d’un produit ou d’un service sur l'ensemble de son cycle de vie, de sa production à sa fin de vie.
En bref, remplacer le plastique d’un emballage par un autre matériau est pertinent si cela :
•    permet à un emballage en plastique non recyclable de le devenir ;
•    réduit ses impacts environnementaux ;
•    ne remet pas en cause la recyclabilité de l’emballage en plastique, s’il l’est déjà (comme les bouteilles en PET ou les tubes en PE).
 

Utiliser de la matière recyclée plutôt que de la matière vierge a plusieurs avantages. D’abord, elle permet de limiter le recours aux ressources qui s’épuisent. C’est en quelque sorte une matière première secondaire qui s’intègre aujourd’hui très bien dans la production de produits et d’emballages : boite à chaussures, conserve, bouteille de jus ou de shampoing, jouets, pièces de moteurs de voiture, journaux et magazines…
Par ailleurs, sa production permet d’éviter l’émission de gaz à effet de serre et la consommation de l’énergie : 2,2 millions de tonnes de CO2 sont ainsi évitées grâce au recyclage des emballages chaque année ; c’est l’équivalent d’1 million de voiture en moins sur les routes. Autre exemple, avec 1 tonne d’acier recyclé, on économise 70% d’énergie par rapport à la production de matière vierge.
Aussi, produite très majoritairement en France et en Europe, la matière recyclée issue des emballages et des papiers permet à l’industrie d’avoir une certaine autonomie en termes d’approvisionnement en matériaux, vis-à-vis d’autres pays. Un bénéfice stratégique compte tenu des enjeux géopolitiques de notre époque. 

Un emballage est rarement (voire jamais) intégralement recyclable. Pour les emballages recyclables dit "complexes", c'est-à-dire composés de plusieurs matériaux (une barquette en carton et plastique par exemple), seule la matière majoritaire de l’emballage sera récupérée lors du processus de recyclage. En effet, les matériaux minoritaires dans un emballage complexe sont très rarement recyclés, et sont plutôt destinés à être valorisé en énergie.
Quid de ceux composés d'un seul matériau (comme une canette en aluminium par exemple) ? La quasi-totalité de la matière sera récupérée au cours du recyclage, mais la présence d’éléments associés comme des colles, des encres ou des vernis, qui ne seront pas recyclés, empêchent très souvent d’atteindre ce 100 %

#écoconception#emballages#papiers
Emballages et matières : démêlons le vrai du faux !