Quand les entreprises relèvent le défi de la recyclabilité des emballages en plastique souples
Sachets, films, recharges, doypacks … environ 310 000 tonnes d’emballages en plastique souples sont commercialisées chaque année. Grâce à la simplification du geste de tri, ces emballages sont de plus en plus recyclés. Mais ceux qui sont complexes ou conçus en PP doivent encore progresser. Quels sont les enjeux d’écoconception et les avancées en cours ? Comment les entreprises font-elles évoluer la conception de ces emballages ? Citeo vous éclaire.
Sur le chemin de la recyclabilité…
Les emballages souples en résine plastique PE représentent 39% du gisement total des emballages en plastique souples. Ils sont d’ores et déjà recyclables grâce à la filière dédiée qui a émergé avec le déploiement de la simplification du geste de tri.
Mais pour augmenter le recyclage, des progrès restent à faire sur les emballages dont la conception est « complexe », car elle permet de mieux protéger, conserver ou transporter le produit. Il existe plusieurs cas d’emballages complexes : le PE y est associé à un autre matériau (l’aluminium avec PET comme dans les sachets de chips) ou à une autre résine (le nylon - PA - comme dans les sachets de fromage râpé), ou l’emballage est constitué de plusieurs couches de matière. Des projets sont soutenus par Citeo pour trouver des alternatives qui améliorent la recyclabilité de ces emballages tout en conservant leurs fonctions essentielles, et qui permettraient à terme l’intégration de PE recyclé apte au contact alimentaire.
Le reste de ce gisement est composé de films en PP souple. Inscrire la filière de recyclage des souples PP dans l’économie circulaire est clé. C’est pourquoi Citeo et Elipso (Organisation professionnelle des fabricants d’emballages en plastique et d'emballages souples) ont lancé en 2020 des études pour préfigurer le recyclage des souples PP d’ici quelques années. Les scénarii retenus pourraient questionner la compatibilité de certaines barrières (couches de résines ou de matériaux différents qui apportent une protection supplémentaire au produit, comme vu plus haut). Reste que l’atteinte de l’objectif de recyclabilité de l’ensemble des emballages en plastique souples passe par plusieurs leviers : développement d’une nouvelle filière et substitution vers des solutions qui disposent déjà de filières viables, comme les souples en PE ou les matières à base de fibre de cellulose.
Focus sur des projets d’écoconception dans les PME
Certaines entreprises, dont des PME, n’attendent pas la fin des travaux d’écoconception et de recyclage pour faire évoluer leurs emballages. Certaines font le choix de passer au PE souple pour des emballages dès aujourd’hui recyclables.
L’expérience de Lou Prunel
Après deux ans de recherche, la petite entreprise familiale spécialisée dans la vente de pruneaux et fruits secs bio est passée d’un sachet complexe OPP/PE à un sachet PE recyclable, et ce sans changer l’apparence de l’emballage. Cette évolution a nécessité l'adaptation du process de conditionnement sur l’ensacheuse qui soude les 4 coins de l’emballage.
L’enjeu pour ces produits pasteurisés et ne contenant pas de conservateurs est d’avoir un sachet totalement hermétique. Le PE étant plus fragile qu’un complexe OPP/PE, il a fallu trouver un film PE suffisamment résistant pour être soudé de manière étanche et pour tenir une température de pasteurisation de 80 à 85 °C. Le principal changement a donc été la température de soudure du film sur la machine qui a diminué de 50 °C.
A l’issue de ses travaux de recherche, Lou Prunel est parvenu à trouver un film qui se soude correctement tout en résistant au processus de pasteurisation. D’ici la fin 2022, l’ensemble des gammes proposées par la marque devraient avoir basculé vers ce sachet PE. « Fabriquant un produit bio, c'était très important pour nous de passer à un emballage recyclable : c'est un enjeu d'image très fort. Nous sommes une petite entreprise de 10 personnes, cela veut bien dire que c'est possible pour tout le monde ! » dit Laurence Boquet, directrice adjointe de Lou Prunel.
L’expérience de Mademoiselle Desserts
Entreprise spécialisée dans la fabrication de pâtisseries surgelées co-développées avec leurs clients distributeurs, Mademoiselle Desserts a lancé en 2020 un programme de 5 ans baptisé PACK M. Objectif : structurer la démarche de réduction des emballages et de suppression des emballages non recyclables.
Récemment, Mademoiselle Desserts a collaboré avec le fabricant Aera et BRJ pour proposer à ses clients Newrest et SNCF des pâtisseries et gâteaux emballés dans un sachet recyclable en passant d’un film PP à un film en OPE. Cette évolution a permis d’améliorer la recyclabilité de l’emballage : la filière des emballages en PP souple étant au stade de développement, la version antérieure en OPP n’était pas recyclable. Cette nouvelle version en OPE s’intègre à la filière de recyclage des emballages en PE souple. Elle a aussi permis de réduire l’emballage : en passant d’une épaisseur de 30 µm à 25 µm, l’entreprise réalise un gain annuel d’environ 500 kg de plastique.
Pour opérer ce changement, l’entreprise a dû tenir compte des contraintes liées au processus de conditionnement du produit par ses clients distributeurs. En effet, Mademoiselle Desserts fabrique et conditionne le produit qui est surgelé à -18 °C pour une durée de conservation maximale de 12 mois. Ce produit est par la suite expédié chez le client en réfrigéré pour qu’il arrive sur le lieu de vente décongelé.
L’évolution vers l’OPE a induit des modifications sur l’aspect visuel de l’emballage : moins brillant avec un touché un peu froissé, l’emballage aurait pu déconcerter les consommateurs. C’est pourquoi une allégation, dans un esprit humoristique, a été apposée pour sensibiliser sur ce changement : « emballage moche et froissé mais recyclable » !
L’emballage comporte également le marquage obligatoire Info-tri et Triman, qui indique la bonne règle de tri et incite au bon geste, sur un produit principalement consommé en dehors du domicile.
